Le mois de juin aura été bien rempli : je laisse derrière moi 1200 miles nautiques, 30 jours passés sur un bateau dont 10 jours sans pouvoir rien avaler à part du melon d’eau (pastèque pour les français de France) et de belles rencontres…
Une expérience des plus enrichissantes, mais aussi éprouvante qui m’a donné matière à réflexion ! Me voilà donc en train de comparer ma vie avec cette fameuse traversée en bateau. Belle traversée à vous…
Note : les marins excuseront les termes techniques inexacts ou maladroits… Ils sont écrits par un moussaillon en formation !!!
La vie… c’est comme une traversée en bateau
Le bateau peut chavirer, la mer peut être d’huile, le vent retomber à tout instant. Bref, même si on cherche à prévoir la suite du périple, tout n’est pas écrit et certain.
Tempête imprévue
On prévoie des vents forts, voilà que la tempête arrive. Le prochain port est encore loin : 5h de navigation minimum… Une seule option : affronter la tempête !!! Enfiler les cirés, se cramponner à la roue, tenir bon face au vent, et y croire dur comme fer, car sinon le danger guette, la mort n’est pas loin.
J’espère pouvoir dire que la vie n’est pas toujours aussi extrême. Qu’une tempête peut être évitée : il suffit de prévoir, se montrer prudent, éviter les sorties lorsque le temps est incertain et que les éléments montrent quelques signes peu encourageants. C’est vrai. Toutefois, pour diverses raisons, on peut malgré tout avoir à affronter les éléments. Les causes sont variées : en tant que moussaillon débutant, je ne connais pas encore la mer, je ne suis pas en mesure de percevoir les signes avant coureurs d’une tempête, ou bien je suis casse-cou et une personne téméraire qui aime affronter le danger, ou bien encore la cool-attitude est mon credo quitte à ce que cela me joue parfois des tours et puisse frôler avec l’inconscience…
La tempête peut aussi arriver plus vite que prévu, nous prendre au dépourvu. A contrario, on peut mettre plus de temps pour arriver à bon port et devoir faire face aux éléments qui se déchaînent mais qu’on pensait pourtant éviter. Dans ces conditions, la persévérance et la confiance sont alors les maîtres-mots. Tenir bon !!! Le port se rapproche. Y croire jusqu’au bout.
L’arrivée au port est alors salvatrice. L’adrénaline redescend. Le corps s’effondre. Le sommeil guérit tous les maux.
Mer d’huile
Une mer calme ne forme pas de marins d’expérience. [Proverbe africain]
Je m’ennuie. Le vent est retombé voilà déjà plusieurs heures et la mer est d’huile. Diverses options s’offrent à moi, mais encore faut-il tenir compte de l’avis du capitaine et des autres personnes à bord. Allons-nous :
- Mettre en marche le moteur (encore faut-il qu’il y en ai un sur le bateau soit dit en passant)
- S’énerver parce que la patience n’est pas notre fort. Cela ne changera rien aux circonstances, mais ça défoule… quitte à stresser et agacer notre entourage
- Faire preuve de patience et profiter de ce temps pour contempler la mer et les paysages alentours
- Profiter de ces moments que les éléments nous accordent pour vérifier l’état du bateau et faire les travaux d’entretien nécessaires pour appréhender la suite du voyage dans les meilleures conditions ?
Pour ma part, je suis impatiente d’avancer mais je fais contre mauvaise fortune bon coeur. Le bricolage : très peu pour moi. C’est pourquoi je profite de ce moment pour lire tranquillement dans le cockpit, bercée par le clapotis de l’eau et réchauffée par les rayons du soleil. Cela renforce mon sentiment de sérénité, m’apaise et je serais bien disposée lorsque les éléments auront décidé qu’il est temps de repartir.
Une vitesse de 7 nœuds
Pour ce Pearson 35, une vitesse de 7 nœuds est une belle allure de croisière. Par un bon vent arrière, la grande voile et le foc se déploient. Le bateau trace sa route. On peut même profiter du pilote automatique pour lâcher la barre et jouir du moment présent. La belle vie !
Ainsi, c’est comme dans la vie, les éléments extérieurs sont en phase avec le bateau. Tout concorde pour que le chemin soit aisé, le périple agréable et l’objectif atteint plus rapidement. Pour maintenir ce rythme de croisière, si on ne peut agir sur le vent et sur la mer, la responsabilité du capitaine et de son équipage est toutefois engagée pour profiter pleinement de ces belles conditions de navigation. Ils sont en effet responsables de l’état général du bateau, de l’orientation des voiles, du choix et maintient du cap… Plusieurs éléments qui impacteront directement sur le déroulement du voyage.
Chemin personnel et périple nautique
A travers les 3 précédents exemples (qui pourraient être encore plus nombreux), je souhaitais vous montrer – de façon imagée – que la vie peut être comparée à un périple en bateau.
Je ne suis pas en mesure de contrôler le vent et l’état de la mer (= éléments extérieurs), mais je suis maître à bord de mon voilier et mes décisions impactent directement sur le bon déroulement du voyage. Il est important de tenir compte des personnes qui cohabitent avec moi sur le bateau (mon entourage proche ou plus lointain dans la vie de tous les jours) car mes actions et décisions en tant que capitaine ont un impact direct sur elles, que je le veuille ou non. D’autre part, quelque soit la situation, j’ai une certaine liberté de choix concernant les actions à mener, le comportement à adopter, les décisions à prendre.
Il me semble important d’en prendre conscience dès maintenant pour faire de ce périple marin un voyage unique et merveilleux, à la hauteur de nos aspirations.
A toutes et à tous, je vous souhaite une belle traversée !