Les matchs d’impro…

Carton bleu, carton rouge, paires de chaussettes roulées en boule… c’est bon ! Me voilà équipée !

J’avance dans la salle, trouve une place à proximité du ring, et attend le début des festivités (ou hostilités devrais-je dire). Pour la première fois, j’assiste à un match d’improvisation. Qu’est-ce qui peut bien m’attendre ? A quoi vont me servir ces chau-sset-tes ??? Mystère.

Le présentateur entre sur scène. Le show commence déjà ! Explication des règles, comptage des points, rôle des arbitres, présentation des deux équipes… Je découvre que ces chaussettes visent à se venger sur l’arbitre en cas de décision injustifiée. Cela promet !

Pour les cartons de couleur, c’est la façon de décider quelle équipe remportera chaque manche d’improvisation. Une belle façon de rendre le public acteur de cet événement.

Le match débute

L’arbitre pioche un sujet d’improvisation dans son grand chapeau noir. Aujourd’hui, tout aura un lien avec le chiffre 7… Allez savoir pourquoi… Peut-être parce qu’on est le 7 juillet aujourd’hui ? Peut-être parce que chaque équipe est composée de 7 joueurs (3 femmes, 3 hommes et 1 coach) même si aujourd’hui cette équilibre n’est plus : je constate 6 joueurs dans une équipe et 7 dans l’autre.

« les 7 pêchés originaux »

« les bottes de 7 lieues »

« être au septième ciel »

« Tourner sept fois sa langue dans sa bouche »

« les 7 merveilles du monde »

Les thèmes s’enchaînent. On siffle l’arbitre. L’arbitre siffle les joueurs. Une grande cacophonie s’installe dans la place. J’ai le sourire aux lèvres ! L’ambiance est magnifique !

Loin du théâtre très formel, le théâtre d’improvisation fait la part belle à la nouveauté, au décalé, aux drôleries et jeux d’acteurs les plus variés.

Le public occupe une place inhabituelle car il fait lui-même partie du spectacle, et cela rend cet événement culturel encore plus exceptionnel. De simple observateur, nous devenons acteur. Loin des conventions, ce match d’improvisation théâtrale oublie les codes, casse l’image austère et élitiste du théâtre.

Un bonheur à partager ! Recommandation du médecin 😉

Et si on apprenait une chose de plus par jour…

Zoom sur les maths d’improvisation

Le match d’improvisation théâtrale a vu le jour en 1977 au Québec sous la gouverne du Théâtre Expérimental de Montréal, par Robert Gravel qui souhaitait expérimenter de nouvelles formes théâtrales et approches du public. Afin de casser l’élitisme du théâtre, il a l’idée d’utiliser la forme du sport, en parodiant le populaire hockey sur glace. Et moi qui avait découvert cet art en France et croyait que le Québec nous avait copiés… Un mythe qui s’envole !

Le concept ainsi inventé voit la création de deux rôles importants : celui de l’arbitre et celui de maître de cérémonie. Les rôles des comédiens est lui aussi prédominent.

Par la suite, le concept est déposé par Gravel (non pas Robert, mais son frère) et Yvon Leduc sous le nom de « match d’improvisation » et des championnats du monde d’improvisation sont introduits.

À l’origine, cet aspect compétition a été décrié par les comédiens : d’une part, il attaquait la création classique ; d’autre part, il révélait la compétition qui existe réellement dans le monde du théâtre. Mais cette notion de conflit, source de danger pour les improvisateurs, intéresse le public et bouscule l’improvisation, poussant à la créativité et la spontanéité.

Ce concept s’est développé avec beaucoup de succès au Québec d’abord, puis dans le monde francophone essentiellement. Il existe toutefois des ligues d’improvisation partout dans le monde dans différentes langues, que ce soit en anglais aux États-Unis ou en espagnol en Argentine et en Espagne.

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