Aveugle le temps d’un repas

Un restaurant dans le noir total… c’est l’expérience que j’ai vécue.

Depuis le temps que j’entendais parler de ce concept en France, il a fallu que je le teste pour la première fois au Québec ! Comme quoi, ce qui se trouve chez les voisins est toujours plus intéressant que chez nous 😉

Une fois ma curiosité piquée, l’idée me trottait dans la tête depuis plusieurs mois. Encore fallait-il passer à l’acte. J’avais déjà épluché le site web de la version française, avait entendu parler de l’arrivée du concept à Nantes… et puis ça s’était arrêté là.

En farfouillant sur le site groupon (utilisé régulièrement en France pour profiter de bonnes offres), version Canada, je suis tombée sur une offre alléchante : un repas à prix imbattable au restaurant oNoir de Montréal.

Ni une, ni deux : je prends le téléphone et réserve. Que l’aventure commence !

Chamboulement des sens

La devanture extérieure n’est pas particulièrement engageante, le quartier peu attractif, mais entrons voir… (ou ressentir devrais-je dire).

Après avoir choisi les plats sur la carte (version « lumière »), j’opte pour un menu tout surprise. Quitte à manger à l’aveugle, autant faire travailler tous mes sens : serais-je capable de reconnaître le contenu de mon assiette ?

Après cette première étape, il s’agit d’attendre notre serveur. Mike se présente. Comme il le dit lui même « je suis un aveugle de luxe ». En effet, sa vision est atteinte à 70%, toutefois sa vision périphérique lui permet de voir relativement correctement son environnement proche. C’est lui qui nous guide dans une salle totalement obscure où va se dérouler le repas.

Les mains sur les épaules de notre guide, nous nous dirigeons à pas comptés vers notre table. Ma main est posée sur le dos de ma chaise à titre de repère. Je m’assois et commence à explorer mon nouvel environnement. OK : mon verre d’eau se situe à ma droite, le long du mur. Le set de table est fait d’une matière qui le rend facilement identifiable. Fourchette à ma gauche. Couteau à ma droite.

Un premier défi approche : Mike dépose sur la table des petits pains et du beurre. Me voilà en train de repérer les bords de l’assiette, saisir un petit pain tout chaud, l’ouvrir et tenter tant bien que mal de le beurrer. Le bout de mes doigts se réveillent pour m’aider à prendre quelques repères.

Ma tête s’habitue petit à petit. Mon cerveau, en manque de repères visuels, s’est montré fort perturbé au départ. Une sensation indéfinissable (car jusque là inconnue) peut-être proche du vertige… mais désormais ça va mieux.

Si ma vue ne sert plus à rien, mes autres sens se décuplent : mon doigté se fait plus précis, je frôle les aliments et les objets qui m’entourent pour les reconnaître, mon ouïe se fait plus fine et tous les bruits alentours prennent une ampleur inhabituelle, le goût devient plus fin et je suis plus à même de savourer chaque bouchée et me concentrer sur les différentes saveurs mélangées dans mon assiette, seul peut-être mon odorat reste peu prononcé… mais tout cela dépend de chacun.

Le repas se passe dans une atmosphère paisible et détendue. Après la tension du départ et la prise de repères, mon corps semble apaisé. Fini le regard des autres, fini les bonnes manières… personne ne me regarde : je peux manger avec les doigts, me gratter la tête, faire la grimace… cela fait du bien ! Cela invite à réfléchir sur toutes ces habitudes prises pour « être correcte » et qui disparaissent dans le noir : une façon pour le naturel de revenir au grand galop.

Côté menu surprise, il me reste encore quelques progrès à faire en terme de reconnaissance gustative : le lapin était en fait de l’agneau, la courge a remplacé le panais et la poire s’est transformée en litchis ! Le métier de goûteur sera pour un autre jour 🙂

Retour à la lumière

A la fin du repas, je me sentais fatiguée : après avoir aiguisé tous mes sens autres que la vue de façon inhabituelle, mon attention s’en ressentait. Puis le retour à la lumière a été progressif : les lumières tamisées me sont apparues fort agressives. Comme quoi, tout est une question de perception.

Ce repas dans le noir fut une excellent expérience que je vous recommande : une façon de sortir du quotidien, entrer dans un monde inconnu, mettre vos sens en éveil et vous régaler bien entendu !

Références

Plusieurs restaurants de la chaîne Dans le noir ? sont désormais implantés dans le monde : Paris, Barcelone, Londres…

Au Québec, il s’agit des restaurants oNoir ouverts à Toronto et Montréal.

Petit rappel pratique pour les français qui tenteraient l’expérience au Canada : le prix de votre addition se compose de la façon suivante :

  • le tarif affiché sur la carte (hors taxes)
  • les taxes (TPS et TVQ qui à elles deux représentent 15% du montant hors taxes)
  • A ce total, vous devez ajouter un pourboire pour le service qui n’est pas inclus. Nous vous conseillons un montant de 10 à 15% du prix hors taxes facturé. (ne vous faîtes pas avoir par un barman qui, souhaitant vous « aider » applique le pourcentage maximal de 15% sur le prix habituellement pratiqué – qui diverge de façon importante du tarif promotionnel -)

Si vous avez testé un repas dans le noir, faîtes-nous part de vos avis et impressions dans les commentaires !

Désormais, il existe même de l’humour dans le noir… Voir ici

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1 thought on “Aveugle le temps d’un repas”

  1. Pingback: Un retour à la terre grâce à la poterie - Ose !

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