Où est mon « chez moi » ? Ou expérimenter l’expatriation

Après six mois à l’étranger, une seule envie me fait vibrer : rentrer. Reprendre l’avion, retrouver un terrain connu, mes amis, ma famille, mes habitudes, mon pays.

Toutefois, alors que je suis encore québecoise de coeur pour les prochaines 24h, je cherche à mieux comprendre cette envie, qui se manifeste sous de multiples émotions : espérance, frustration d’être encore ici, anticipation du retour, peur. Quel message veut-elle me faire passer ?

Avant

En cet instant T, j’observe ce que je ressens et cherche à y mettre du sens car je considère que toute émotion est un signal, un message à décoder.

Si je souhaitais donner une raison simple et rapide à ces émotions, je dirais tout simplement que « la France me manque ». Oui. C’est un fait. Je souhaite toutefois aller plus loin dans l’analyse… et c’est là où cela se complique.

Je pense que ces émotions révèlent plusieurs états d’être auxquels, en tant qu’expatrié(e), on peut se trouver confronté(e). Je les classe en deux catégories :

Les émotions liées au vécu des 6 derniers mois :

  • L’expatriation entraîne un stress auquel je n’étais pas nécessairement préparée. Je n’avais probablement pas voulu prendre conscience de tous les impacts d’un changement de vie « radical »
  • J’aime les grands défis, mais là j’ai joué « gros »
  • S’expatrier, c’est tout reconstruire : amitiés, travail, foyer…
  • Mes projections (toujours facile à dire « ne rien espérer, vivre le moment présent », mais moins facile à faire !) où mes rêves se sont plus ou moins bien conciliés avec la réalité sur le terrain
  • Vivre un changement est déstabilisant, alors que dire de multiples changements ?!
  • Ce choix de partir pour tout recommencer est-il le bon ? L’ai-je fait pour les bonnes raisons ? ai-je l’envie, le courage, la force d’oser l’aventure qui changera le reste de ma vie ?

Les émotions liées à mon retour en France :

  • Est-ce que j’idéalise ce retour en terrain connu ?
  • Mon mal-être du moment est-il lié à ma situation au Québec, ou est-ce un mal-être plus grand qui ne disparaîtra pas en changeant de pays ?
  • Choisir la France ne serait-ce pas une façon de choisir la facilité ?
  • Le manque de lien social, la famille, les amis… s’est fait sentir durant trop longtemps. L’euphorie sera-t-elle au rendez-vous ? Est-ce que l’aspect ponctuel de mon retour peut amplifier ce phénomène ?
  • Le bien-être ressenti au retour peut-il se prolonger en reprenant une vie « classique » dans mon pays ? ou serais-je de nouveau confrontée aux mêmes questionnements qu’actuellement ?

Pendant

L’arrivée en France est très perturbante. J’ai l’impression de passer d’une réalité à une autre.

J’écris :

Mes yeux ont vu deux réalités du monde.

Puis, rapidement, je retrouve des repères, reprends contact avec ma famille, mes amis, mon entourage familier. Il fait beau. Je me crois en été : fini les pulls à col roulé, bonjour les T-shirts… Ce soleil et cette douceur me manquaient. J’en fais le plein.

Je remplis mes journées de discussions passionnées, de récits colorés, de rires et de sourires. Ces liens me nourrissent. Ils sont vitaux à mon équilibre.

Je retrouve un certain équilibre et garde toutefois en tête cette pensée : « reprendre cette vie, ne serait-ce pas une sorte de facilité ? Est-ce vraiment ce pour quoi je suis faite ? »

Le flou demeure.

Après

3 semaines se sont écoulées depuis mon retour en France. Aujourd’hui, je repars pour un mois au Québec.

Je n’ai pas encore toutes les réponses à mes questions. Les émotions s’entremêlent, les pensées aussi. Il me reste du chemin à parcourir pour clarifier mes besoins profonds et vivre la vie qui me correspond pleinement. Je sais toutefois que je suis sur le bon chemin. La réponse se présentera à moi quand je serai « prête ». Alors je saurai si je suis plutôt française ou québecoise…

Pour l’instant, je sais avoir un lien fort avec ces deux régions du monde, et c’est tout ce qui compte…

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