communication non violente

La Communication Non Violente (CNV)

Pouvant être considérée comme un outil de développement personnel au titre d’outil de communication, la Communication Non Violente (CNV) est une approche axée sur l’écoute authentique de l’autre et de soi-même. Petit aperçu…

A l’origine de la CNV : Marshall B. Rosenberg

La CNV (Communication Non Violente) est une approche élaborée par Marshall B. ROSENBERG dans les années 1960.Dans un contexte de conflits raciaux et socioéconomiques, M. B. ROSENBERG, doteur en psychologie clinique, décide d’appliquer sa méthode auprès de diverses communautés américaines dont l’objectif était de rétablir l’harmonie au sein des écoles et institutions publiques.

Dans sa démarche, M. B. ROSENBERG s’est fortement inspiré des travaux du psychologue américain Carl Rogers (1902-1987) qui fut son professeur. Celui-ci avait mis au point une approche axée sur la personne.

De plus,  la pensée de Gandhi et de Krishnamurti ont été une grande source d’inspiration.

En 1984, face aux excellents résultats obtenus grâce à cette approche, M. B. ROSENBERG décide de créer le Centre pour la Communication Non Violente. Cet organisme a pour but de diffuser et de faire connaître la CNV à travers le monde.

L’apparition en France de la CNV reste toutefois très récente. Elle fait suite aux conférences d’un ancien avocat Thomas d’Ansembourg, auteur du célèbre « Cessez d’être gentil, soyez vrai« . La méthode connaît depuis un retentissement important du fait de ses applications à la médiation.

Le principe de la CNV

Il s’agit d’un outil de communication, principalement verbal, visant à créer entre les êtres humains des relations fondées sur l’empathie, la compassion, la coopération harmonieuse et le respect de soi et des autres. Cette approche peut également servir à la résolution de conflits entre deux personnes ou au sein de groupes.

Grâce à la capacité d’empathie que chaque personne possède en son for intérieur et qui va être mis en pratique au travers des relations avec autrui, on assiste à un véritable changement social ou chacun se sent écouté et reconnu dans ses besoins.

La CNV nous incite à chercher avant tout à assumer la responsabilité de nos choix et à améliorer la qualité de nos relations avec les autres et avec nous-mêmes. C’est un aspect de la CNV que je trouve tout particulièrement intéressant : elle nous propose de dialoguer d’abord avec nous-même et d’aller à la rencontre de nos propres besoins AVANT d’en faire de même avec les autres. C’est la raison pour laquelle je la considère comme un excellent outil de développement personnel pour apprendre à mieux se connaître, à s’écouter et à répondre nous-même à nos besoins sans attendre cela des autres personnes qui nous entourent.

Cette méthode est efficace même lorsque la personne ou le groupe en face de nous ne connaît rien du processus.

Girafe vs Chacal

communication non violentePour illustrer l’application de la démarche CNV, Marshall Rosenberg utilise la métaphore de la girafe et du chacal.

La girafe représente la personne en situation de communication non-violente, le chacal symbolise la violence présente dans les situations de communication. Ainsi l’apprentissage de la CNV consiste à passer d’une communication « chacal » à une communication « girafe ». Il n’y a pas de jugement de valeur dans le choix de ces animaux.

Notons que nous avons tout chacal cache en lui un petit girafon qui ne demande qu’à s’exprimer. A nous de lui donner la chance d’être écouté.

Expressions symboliques

Dans son ouvrage, Marshall B. ROSENBERG utilise quelques expressions que je vous propose d’éclaircir ici :

  • La notion de « conditionnement culturel », fait référence à la façon que nous aurions de porter des jugements sur les choses et les êtres en termes de «vrai» ou «faux».
  • « Se mettre en lien avec soi-même» pourrait se traduire par : prendre pleinement conscience des sentiments et besoins qui nous habitent et qui, au départ, sont juste «vaguement conscients»
  • L’expression «Donner naturellement à partir de son cœur» pourrait se définir comme une générosité spontanée et volontaire, qui ne provient pas d’une contrainte ou d’une obligation morale extérieure

Utilisation du processus de Communication NonViolente

Ce processus peut être utilisé de trois manières :
  1. communiquer avec soi-même pour clarifier ce qui se passe en soi (on parle alors d’auto-empathie)
  2. communiquer vers l’autre (message sortant) d’une manière qui favorise la compréhension et l’acceptation du message
  3. recevoir un message de l’autre (message entrant), l’écouter d’une manière qui favorise le dialogue quelle que soit sa manière de s’exprimer.

Pré-requis

Pour que ce processus favorise réellement la coopération et le dialogue, cela suppose :
  • une attention au moment présent
  • une intention claire de favoriser le dialogue et la coopération : la priorité est donnée à la qualité de relation avec l’autre.

Les quatre étapes de la CNV

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  1. Observation : décrire la situation en termes d’observation partageable
  2. Sentiment et attitudes : exprimer les sentiments et attitudes suscités dans cette situation
  3. Besoin : clarifier le(s) besoin(s)
  4. Demande : faire une demande qui est réalisable, concrète, précise et formulée positivement.

Il s’agit bien évidemment d’une trame / d’un guide visant à faciliter la relation avec l’autre. A chacun d’adapter la forme, le contenu et de suivre les étapes dans l’ordre qui lui paraît le plus pertinent.

ETAPE 1 : Observer les faits

Observer sans évaluer est la plus haute forme de l’intelligence humaine.

Marshall B. Rosenberg

Quand nous décrivons une situation, nous exprimons différentes choses :
  • des observations objectives (ce qu’on a vu, ce qu’on peut logiquement en déduire sans faire d’hypothèse particulière)
  • des évaluations (penser en termes de bien ou de mal, qualifier la personne ou la situation, etc.)
  • des interprétations (faire de conclusions qui se basent sur des présupposés)
Du point de vue de la CNV, les évaluations et les interprétations sont légitimes et peuvent être
exprimées. L’important est de les distinguer des observations objectives et de préciser que c’est
ce que nous imaginons.
On recommande d’éviter d’utiliser des évaluations et des jugements, parce que si notre interlocuteur se sent jugé, il aura tendance à s’investir dans l’autodéfense plutôt que la compréhension. Par ailleurs, les évaluations rendent le monde statique, alors qu’il est en transformation constante.
le langage est un instrument imparfait invitant à parler de stabilité et de normalité, alors que la réalité est changeante et faite de différences.
Wendell Johnson
La CNV recommande de parler de faits concrets pour décrire les événements plutôt que d’attribuer des caractéristiques définitives à l’interlocuteur ou au monde ce qui l’enferme mentalement dans une case. Alors qu’en parlant de faits concrets, on ouvre la possibilité de formuler des demandes d’actions préci
ses à réaliser dans le futur.
Exemple : « Tu es un incapable » (jugement) s’oppose à « Cela fait 3 fois que tu obtiens un 0 à tes examens » (fait
observable).
ETAPE 2 : Exprimer ses sentiments et ses attitudes

Il s’agit autant de sentiments que d’attitudes, par exemple avoir peur, être curieux, être surpris, être en colère… Afin de pouvoir communiquer ce qui se passe en nous, la CNV nous invite à développer un vocabulaire affectif pour exprimer toute la palette d’émotions qui peuvent nous toucher.

Un des pièges habituels dans l’interprétation des sentiments est de faire l’amalgame entre les émotions et la perception que l’on se fait de l’autre, de ses agissements et de ce qu’on imagine faire. Par exemple, si l’on dit à quelqu’un qu’on se sent ignoré par lui parce qu’il ne nous a pas dit bonjour, on ne décrit pas nos sentiments mais notre interprétation de son comportement.

Nos sentiments peuvent ici être de la tristesse ou de la frustration.

De plus, il est extrêmement important d’éviter toute expression supposant un jugement. Elles peuvent apparaitrent comme l’expression d’un sentiment, mais ce n’est en réalité pas le cas car on interprète le comportement de l’autre.

Exemple : « j’ai le sentiment que tu ne m’aimes pas », « je me sens abandonnée », « je suis ta victime »…

De manière générale, à chaque fois qu’intervient le mot « tu » dans une phrase (« vous », « les autres », …), la probabilité est très forte qu’il s’agisse d’un jugement et non d’un sentiment.

ETAPE 3 : Exprimer les besoins

Quand nous ne sommes pas conscients du lien entre nos besoins et nos sentiments, nous croyons que ce sont les situations qui, seules, provoquent ce que nous ressentons et nos attitudes. Entre les actions des autres et nos sentiments, il y a nos besoins qui sont un élément de causalité intermédiaire. D’où l’importance de déterminer les besoins et de les assumer. Par ailleurs, si l’on accompagne nos demandes de l’explication des raisons profondes, on permet à l’autre de nous comprendre et, si jamais il ne peut accepter ce que nous demandons, il proposera plus spontanément une alternative permettant de satisfaire à la fois le porteur de la demande et lui-même.

Marshall Rosenberg a établit une liste de besoins. Ceux-ci sont :universels (communs à tous les êtres humains), ils sont l’énergie vitale qui nous mobilise pour agir dans le sens qui va nous faire croître, ils sont indépendants de tout contexte (ils ne sont attachés ni à une personne en particulier, ni à un objet, ni à une action, ni à une situation particulière).
« Un besoin n’est jamais quelque chose que l’on peut faire, ni quelque chose que l’on peut prendre ou toucher.»
En voici une liste non exhaustive :
Empathie, compréhension
acceptation (être acceptéE)
affection
amour
appartenance
appréciation
camaraderie
chaleur humaine
communauté
communication
compassion
comprendre et être compris
confiance
connaitre l’autre et que l’on me connaisse
considération
coopération
empathie
inclusion
intimité
mutualité
réconfort, soins, attention
régularité, cohérence
respect, estime de soi
se sentir proche
Sens de la vie, spiritualité
apprendre
avoir de l’importance, pour soi ou les autres
avoir un but
célébration de la vie
clarté
compétence
comprendre
conscience
contribution
créativité
croissance
découverte
défi
efficacité
espoir
éveil, perception
expression de soi
faire son deuil
participation
stimulation
Bien-être physique
abri
air
eau
expression sexuelle
mouvement/exercice
nourriture
repos/sommeil
sécurité
toucher, contact physique

Paix

aisance
beauté
communion
égalité
harmonie
inspiration
ordre

Autonomie
choix
espace
indépendance
liberté
spontanéité
Honnêteté
authenticité
intégrité
présence
Jeu
humour
joie
distraction
Sécurité

sécurité
soutien
stabilité
sûreté
voir et être vu

ETAPE 4 : Faire une demande

La CNV nous invite à traduire nos besoins généraux en demandes concrètes, c’est-à-dire concernant des actions précises nécessaires pour satisfaire les besoins les plus urgents, ou bien de prévoir des actions possibles afin de répondre à un problème qui pourrait se (re)produire dans le futur. ll est important de noter que la demande peut être une demande d’action ou une demande de connexion avec l’autre.

Pour M. Rosenberg, une demande a toutes les chances d’être entendue quand elle est :
  •  active et positive : demander ce que l’on veut, et non pas ce que l’on ne veut pas, exprimée dans un langage incitant à l’action.
  • consciente et explicite : les demandes implicites sont sources de mauvaise interprétation et de désarroi pour ceux à qui elles s’adressent.
  • simple, claire et précise : le but de la demande est clair pour tous et sa réalisation est à la portée de l’interlocuteur.

Précisons qu’une demande n’est pas une exigence. Si vous n’êtes pas ouvert(e) à discussion ou négociation, sachez alors que votre demande est en réalité une exigence. Dans ce cas, la CNV n’est pas utile. Ce serait même une façon de perdre du temps !

Exemple :
La même expression : « Veux-tu aller faire les courses ? » peut être une demande ou une exigence, selon le contexte. On les distingue alors par l’attitude du demandeur face à un refus.
  • Si le refus génère chez lui un sentiment négatif (peur, colère, frustration, tristesse), sa demandeétait une exigence. Le sentiment négatif va alimenter une communication où jugements et critiques vont tenir une grande place, mettant en danger la relation.
  • Si au contraire le demandeur reste serein face au refus et manifeste de l’empathie envers lesbesoins de son interlocuteur, il garde la communication ouverte. Il s’agit bien d’une demande, au sens de la CNV.

Besoins et stratégies pour satisfaire un besoin

Marshall B. Rosenberg appelle « stratégies » les actions que l’on met en œuvre pour satisfaire nos besoins. Attention de ne pas confondre les deux termes.

Combiner les outils & techniques

La CNV se combine parfaitement avec l’utilisation d’autres outils thérapeutiques tels que le coaching, la Gestalt, l’Analyse transactionnelle, la PNL, la systémique,…

Citations inspirantes

« Tout conflit est l’expression tragique d’un besoin insatisfait »

Marshall B. Rosenberg

« Le but de la vie n’est pas d’être parfait. Toute chose qui vaut la peine d’être faite vaut la peine d’être faite mal.»

Marshall B. Rosenberg

« La violence n’est pas notre nature, mais l’expression de la violation de notre nature ».
Thomas d’Ansembourg
« Dès lors que nous sommes prêt à écouter pleinement ce qui empêche l’autre de faire ce que nous lui demandons, nous formulons une demande, selon ma définition, et non une exigence. ».
Marshall B. Rosenberg

Ressources

Contacts

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